On ne sait rien de la véritable vie de Gabrielle Wittkop, on ne retient que la légende qu’elle a elle-même forgée. Née à Nantes le 27 mai 1920, sous le nom de Marguerite Louise Gabrielle Ménardeau, elle perd sa mère à l’âge de 13 ans.
Dans un Paris occupé, elle fait la rencontre de Franz Justus Wittkop, déserteur allemand. Il est homosexuel comme elle. Elle décide de le cacher dans sa mansarde rue de Seine jusqu’à la libération, où elle est arrêtée, envoyée à Drancy et tondue.
Elle écrit des nouvelles publiées dans le magazine Claudine en 1945 et 1946, après avoir rejoint Justus en Allemagne. Ils se marient en 1947, à Francfort-sur-le-Main, ville dans laquelle, après un bref passage par Bad Homburg, Gabrielle vit jusqu’à sa mort. Ensemble, ils forment ce qu’elle qualifie elle-même d’« alliance intellectuelle ».
Gabrielle Wittkop commence à gagner sa vie dans la bibliophilie en illustrant des ouvrages de ses aquarelles. Elle collabore par ailleurs avec divers journaux allemands, ce qui l’amènera à voyager en Asie, continent cher à son cœur qui nourrira son œuvre à venir.
Malgré son attachement à la langue française, elle est encouragée par Justus à écrire directement en allemand, sa langue d’adoption. Plusieurs ouvrages sont édités, dont une biographie d’Hoffmann. De 1964 à 1969, elle devient alors traductrice pour les éditions Gallimard, contribuant à faire connaître le premier roman de Peter Handke, Le Colporteur. Elle abandonne ensuite toutes ses activités afin de se consacrer à l’écriture et à la publication de son œuvre en français.
Se qualifiant d’arrière-petite-fille de Sade, elle élabore des textes où se joignent son goût du macabre, sa fascination pour la mort, une sensualité marginale et une forme d’étrangeté soulignés par son style unique, volontairement provocateur.
En 1972, alors que Gabrielle a 52 ans, Régine Deforges publie Le Nécrophile. Le scandale est absolu, la censure s’en empare et le livre est interdit au nom de la morale. Gabrielle rétorque « ma seule morale à moi, ça consiste à ne pas emmerder les autres ! ». Elle continue d’écrire, publie rarement. En 1986, Justus, atteint de la maladie de Parkinson, décide de mettre fin à ses jours, encouragé et aidé par Gabrielle.
Ce n’est qu’en 2001, grâce à Bernard Wallet, que Gabrielle Wittkop finit par réussir à publier son œuvre aux éditions Verticales. Elle meurt à 82 ans le 22 décembre 2002. Selon certaines versions, elle se serait suicidée, selon d’autres le cancer du poumon dont elle était atteinte l’aurait emportée avant qu’elle n’y parvienne. Ses derniers mots, envoyés à son éditeur, résument sa vie et son œuvre « j’ai voulu mourir comme j’ai vécu : en homme libre ».